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Boxe aux JO 2024 : assurée de monter sur trois podiums, l’équipe de France retrouve des couleurs

« Il faut que je fasse attention à ce que je dis. Il y a Tony qui n’est pas loin ! » Sofiane Oumiha emploie un ton badin après sa victoire en demi-finale des moins de 63,5 kg, dimanche 4 août dans la grande salle du Parc des expositions de Paris-Nord-Villepinte aménagée en arène de boxe. Quelques secondes plus tôt, il a salué le passage de Billal Bennama, lui aussi sorti vainqueur de sa demi-finale, dans la catégorie des moins de 51 kg, d’un « Hé, champion ! » Le Tony en question, posté à quelques mètres des deux pugilistes encore marqués par les trois rounds intenses passés sur le ring, c’est Tony Yoka, champion olympique aux Jeux de Rio, en 2016, venu assister aux combats de ses copains, et rappeler l’esprit de corps de son sport.
Avec eux, c’est toute la boxe française qui retrouve le sourire. La qualification d’Oumiha et de Bennama, qui disputeront leur finale respectivement mercredi 7 et jeudi 8 au soir, et la demi-finale de Djamili-Dini Aboudou en plus de 92 kg, ce même mercredi, sécurise trois podiums pour l’équipe de France − aux Jeux olympiques, la présence d’un boxeur en demi-finale lui assure une médaille, de bronze au minimum.
Les Bleus et leur encadrement reviennent de loin. « A Rio, on est le premier sport olympique français, devant le judo, avec six médailles, dont deux en or, puis on passe à zéro médaille à Tokyo [en 2021], rappelle Tony Yoka. Mais ? depuis, tout le monde a su se remobiliser, l’équipe fédérale a changé et beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat. »
Pour les deux finalistes, pas question de s’arrêter en si bon chemin. « Je suis en quête de quelque chose de grand à ces Jeux, je pense être l’un des meilleurs boxeurs en France. Et, avec Billal, on veut écrire l’histoire », assume Sofiane Oumiha, 29 ans, triple champion du monde, qui court après ce titre olympique qui lui a échappé de peu, en 2016, battu en finale par le Brésilien Robson Conceiçao.
« Je veux aller chercher cette médaille d’or, pour Toulouse, pour mon club de Blagnac [Haute-Garonne], pour tout le peuple français », lui répond en écho le vice-champion du monde des moins de 51 kg, de deux ans son cadet. Les deux comparses, qui occupent la même chambre au village olympique, ont désormais les yeux rivés sur le stade de Roland-Garros, où se disputent les finales. « Le public français nous soutient depuis le début. L’Arena Paris Nord, c’était 6 000 places. A Roland-Garros, ce sera 15 000. On a l’habitude que ce soit calme avec le tennis, j’ai hâte de voir ce que ça va donner avec la boxe », s’impatiente Sofiane Oumiha.
Djamili-Dini Aboudou sera aussi de la fête, sur le ring le 7 août, et peut-être en finale trois jours plus tard. « Il n’avait pas réussi à se qualifier pour les Jeux de Tokyo, se souvient Tony Yoka. Personne ne l’attendait ici, mais il peut atteindre la finale. Il a une très bonne partie du tableau et surtout, c’est un top boxeur ». Le représentant des superlourds permet déjà d’honorer le contrat fixé par la Fédération française de boxe (FFB) : trois ou quatre médailles parmi les huit qualifiés pour les Jeux.
Mehdi Nichane, le directeur technique national (DTN), « très satisfait du bilan masculin, même si, bien sûr, la compétition n’est pas terminée », confie ressentir, en revanche, « un peu de déception côté féminin ». « Mais il faut regarder d’où l’on vient, nuance le technicien. Il y a deux ans, le constat établi aux championnats d’Europe état limpide : cinq Françaises engagées, cinq défaites au premier tour. Entre-temps, nous avons remobilisé le groupe, et les filles ont réalisé une supercampagne de qualification pour les JO », avec quatre boxeuses alignées à Paris, dont Estelle Mossely, l’autre médaille d’or des Jeux 2016.
Après l’épopée de Rio, la France a vécu une débâcle de Tokyo. A trois mois des Jeux au Japon, la fédération n’avait plus de DTN ni de président, et l’équipe de France a complètement manqué le rendez-vous olympique. Est venu ensuite le temps de la reconstruction, à partir d’un projet porté par la nouvelle direction de la FFB.
« Dominique Nato [le président de la FFB], c’est lui qui m’a repéré chez les cadets. Mehdi Nichane, c’était mon coach chez les juniors. Ces mecs-là connaissent leur sport, c’était sûr qu’ils réussiraient quelque chose », analyse Tony Yoka.
La recette de l’équipe fédérale, élue en 2021, n’est pas révolutionnaire, mais elle s’appuie sur des bases solides et elle est bien assimilée par les athlètes. « Nous avons développé un nouveau discours pour les concerner davantage et, derrière, une approche plus personnalisée afin de prendre en compte la singularité de chacun, se justifie Mehdi Nichane. Certains sont mères ou pères de famille, certains sont jeunes, alors que d’autres ont déjà une ou plusieurs aventures olympiques. »
Le staff des entraîneurs a été renouvelé, à l’exception du Cubain Luis Mariano Gonzalez, dont l’expertise a été conservée afin d’apporter aux Bleus « la synchronisation, la coordination, le sens du déplacement » qui leur manquent parfois, selon ses mots. L’encadrement s’appuie davantage que par le passé sur la cellule d’optimisation de la performance, basée à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), dont les outils (capteurs, télémétrie, techniques de réalité virtuelle, etc.) permettent d’analyser les résultats des athlètes tricolores mais aussi ceux de la concurrence.
Le DTN reconnaît avoir dû modifier son approche en cours de route. « Pour les athlètes les plus expérimentés comme Sofiane, le travail à distance avec sa propre cellule d’entraînement, parfois son propre staff médical, fonctionne bien, alors que les plus jeunes ont besoin de venir en structure fédérale en permanence, détaille-t-il. A un an et demi des Jeux, on a finalement rapatrié tout le monde sur notre pôle national. » Un choix qui s’avère payant.
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Simon Roger
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